Der Krameterhof, ou comment faire pousser des citrons dans la « Sibérie autrichienne »

Suite de la série entamée précédemment.

Der Krameterhof,

ou comment faire pousser des citrons dans la « Sibérie autrichienne »

Sepp Holzer

Responsable : Sepp Holzer
Superficie : 45 ha
Situation géographique : Salzburg, Autriche
Productions : légumes, fruits, porcs, poissons, champignons, céréales, pépinières d’arbres fruitiers, gîte.
Site internet : http://www.krameterhof.at/en/

La ferme der Krameterhof se situe dans l’endroit le plus froid de l’Autriche, à une altitude comprise entre 1 100 et 1 500 mètres. C’est sur ces terres que Sepp Holzer expérimente depuis plus de quarante ans une forme d’agriculture alpine inspirée des principes de la permaculture. Les résultats sont là : la ferme produit des légumes, des fruits, des porcs, des poissons, des champignons, des céréales, des graines et des plants. Sepp Holzer réussit à faire pousser en plein air des citrons, des cerises et du raisin sous le climat peu favorable de ce que l’on appelle la « Sibérie autrichienne ».

Aménager le paysage et construire des partenariats écologiques

La méthode de Sepp Holzer consiste à réaménager le paysage, à remodeler la montagne, en créant des terrasses et des bassins sur les versants de sa propriété. Il a ainsi créé plus de 70 bassins totalisant une superficie de 3 hectares. Selon un principe d’efficacité énergétique énoncé par l’inventeur de la permaculture disant qu’un élément doit remplir plusieurs fonctions, les aménagements mis en place contribuent à stopper et canaliser les ruissellements d’eau responsables de l’érosion des sols, à fournir une importante réserve haliotique, et à créer des microclimats bénéfiques aux cultures.

La mise en place de ces systèmes nécessite l’utilisation de gros engins, comme les tractopelles, mais, une fois les terrasses et les étangs créés, la maintenance de ces aménagements ne nécessite que peu d’énergie, ce qui en fait d’excellents investissements.

Ces aménagements remplissent plusieurs fonctions, qui sont centrales à la réussite écologique de la ferme. Les terrasses de pierres et les étendues d’eau accumulent la chaleur pendant la journée, et la diffusent pendant la nuit, réduisant ainsi les écarts de température. Les bassins réfléchissent les rayons du soleil sur les forêts ou vergers alentour, leur permettant d’emmagasiner la chaleur, créant ainsi un microclimat sur chaque lieu. Pour assurer une protection supplémentaire face aux vents et au gel, une rangée d’arbres est disposée en forme de « U » (voir illustration) permettant d’emprisonner encore plus la chaleur de la zone et lui assurant des conditions clémentes pour les plantes exigeantes (arbres et arbustes fruitiers, légumes).

Pour Sepp Holzer, il est fondamental de coopérer avec la nature plutôt que de la combattre. Les animaux domestiques et sauvages ont un rôle dont il peut tirer avantage. Les cochons  – une race slovène ancienne et rustique – ameublissent constamment la terre en cherchant leur nourriture dans le sol avec leur groin ; ce labourage animal permet en plus d’accélérer la décomposition des matières organiques pour enrichir le sol. Même les taupes et les souris, souvent considérées comme nuisibles, lui permettent de propager les plantes en laissant des racines ou des graines dans leurs abris hivernaux.

Concernant les végétaux, Holzer s’appuie sur un compagnonnage d’espèces formant une guilde où chaque plante tient un rôle. Les espèces repoussent les parasites des autres par leur couleur, leurs épines ou leurs sécrétions, offrent une protection contre le vent, fournissent des minéraux inaccessibles aux systèmes racinaires des autres plantes. La synergie créée bénéficie à toute la communauté de plantes. Lorsqu’il plante des arbres pour son activité de pépiniériste, Holzer sème dans la foulée un mélange de graines d’une cinquantaine d’espèces qui apportent au plant les conditions nécessaires et naturelles pour sa bonne évolution. Ses choix en matière de plantes compagnes sont issus des observations qu’il a pu faire depuis son installation.

Grâce à ses aménagement astucieux et aux partenariats écologiques qu’il a mis en place, Holzer peut cultiver une production étonnamment diversifiée sans utiliser d’engrais industriel ni de pesticides.

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