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Stérilisation

Il me semble qu’une des caractéristiques des sociétés agricoles et bien plus encore de la société industrielle est celle de la stérilisation, qui prend souvent la forme de l’éradication. Cette pratique est souvent très énergivore et peut se révéler contre-productive.

Une démarche opposée à la stérilisation, et que l’on aurait intérêt à intégrer dans notre « kit post-industriel », et celle de « l’évolution contrôlée ». Elle consiste à mettre en concurrence l’objet que l’on veut contrôler avec un objet équivalent mais qui nous est plus favorable. On passe d’une relation de prédation entre cet objet et nous à une relation de compétition entre deux « objets ».

Quelques petits exemples que j’ai décelés, il doit y en avoir bien plus :

En agriculture, on cherche à éradiquer les « mauvaises herbes » du sol par un labour. Le labour met des graines d’adventices à la surface et laisse le sol à nu, créant ainsi les conditions idéales d’une nouvelle « invasion » de « mauvaises herbes ». Sachant par exemple que les graines d’amarante ont une durée de germination de +80ans, le combat est perdu d’avance, celui qui retourne le sol le fera toute sa vie, que ce soit en industriel chimique, en industriel bio, ou dans le potager. L’évolution contrôlée utilisée par la permaculture consiste ici à mettre en place un système mature qui sera stable, en commençant par mettre en place ces fameuses adventices qui sont le premier échelon d’un des cycles climaciques. Une autre méthode, si l’on veut cultiver des légumes annuels consiste à mettre un paillis (mulch) pour mimer le sol du climax forestier et empêcher la germination des graines.

En agriculture chimique ou bio, on cherche à supprimer les attaques fongiques en balaçant du fongicide sur les feuilles d’arbres fruitiers. Alors que la canopée des fruitiers abrite une palette de « champignons arboricoles » qui sont en compétition avec les champignons pathogènes. Sulfater va tuer cette coalition des canopée, ouvrant le champ aux champignons pathogènes. Michael Phillips dans The Holistic Orchard donne un programme de pulvérisations de préparations qui boostent les alliés avant l’arrivée des maladies fongiques (malheureusement à base d’huile de neem et d’algues, mais on peut envisager des pulvérisations d’ortie ou de thé à compost qui ont eu un certain succès sur la vigne dans certaines publications scientifiques).

Les champignons sont aussi la cause de chancres sur les fruitiers ou les arbres à noix . L’exemple le plus connu étant le chancre qui a décimé les châtaigniers nord-américains. Ici la technique de stérilisation est un petit concentré de la société industrielle. Pour protéger les châtaigniers de l’infection, le service chargé des forêt les a tous couper pour en faire du bois d’œuvre, générant ainsi pas mal de profit. Plus d’arbres, plus de problème. Paul Stamet, dans Mycellium Running, offre un autre exemple d’évolution contrôlée pour lutter contre les chancres, qui est d’inoculer les zones à risque avec  d’autres champignons pour créer une compétition au désavantage du chancre. Par exemple le champignon appelé Honey fungus en anglais (Armillaria) à la vie dure face au genre Hypholoma.

La stérilisation, la « vraie » (même si maintenant on stérilise aussi les sols au premier degré), des aliments est très récente, et à remplacé la fermentation dans notre société industrielle. La fermentation permet de diriger la « succession écologique » des bactérie et champignons, en introduisant les ferments voulus en grand nombre, et en orientant le milieux pour booster cette succession spécifique (sel, alcool, acidification, sucre …). La stérilisation cherche au contraire à supprimer toutes les bactéries, ce qui est très efficace si elles sont bien toutes détruites par la chaleur. Mais si une bactérie néfaste particulièrement coriace parvient à échapper à l’éradication totale, elle trouve le champ libre pour se multiplier. Sandor Ellix Katz, dans The Art of Fermentation, nous apprend que c’est ce qui se passe avec Clostridium botulinum, la bactérie responsable du botulisme. Il peut falloir jusqu’à 11h de stérilisation à 100°C pour détruire tous les spores. Si ça ne marche pas complètement, la bactérie se retrouve dans un environnement anaérobie sans compétition, les conditions idéales. A comparer avec un environnement acide peuplé de bactéries « amies » acidophiles.

Le complémentaire des ferments dans les aliments sont les bactéries dans nos intestins. Là aussi les « bonnes » bactéries sont en compétition avec les « mauvaises », et comme le notre une publication scientifique, elles nous procurent une défense en « entrant en compétition avec des pathogènes extérieurs sur les niches écologiques et les substrats métaboliques ». Or cette flore bactérienne est complètement détruite par les antibiotiques, et l’impact peut durer jusqu’à 2 ans.

Pour changer de domaine, je vois aussi mon athéisme « historique » comme une stérilisation de la spiritualité. Mais je réintroduis petit à petit les bons ferments

Peut être que cette démarche est un « pattern thinking » intéressant à appliquer dans une situation ou un élément nous gêne.

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Bientôt bientôt

Les actuels propriétaires de la maison et du terrain pour lesquels nous avons signé le compromis de vente ont enfin trouvé une maison de remplacement !

La petite maison au creux du terrain peeeentu

Emménagement prévu début juin …

Polyface Farm, ou comment comprendre la nature de la poule permet de produire de bons œufs

Cet article est le premier d’une série dédiée à la mise en lumière des principes de la permaculture, à travers d’exemples de fermes. Aux quatre coins du monde — Amérique, Europe, Océanie, Asie — des Hommes ont appliqué la permaculture, sans même en connaître l’existence quelques fois, et je pense que nous avons beaucoup à apprendre de ces succès.

Polyface Farm,

ou comment comprendre la nature de la poule permet de produire de bons œufs

Joel Salatin

Responsable : Joel Salatin
Superficie : 220 ha (dont 180 ha de bois)
Situation géographique : État de Virginie, États-Unis
Productions : bœufs, porcs, poulets, œufs de poule, dindes, lapins, produits forestiers.
Site internet : http://www.polyfacefarms.com

Une production saine, écologiquement responsable et économiquement viable : c’est le tour de force que Joel Salatin a réalisé sur sa ferme en polyculture intégrée. Cette performance n’est d’ailleurs pas passée inaperçue, puisque le livre de Michael Pollan «The Omnivore Dilemma» (classé parmi les 10 meilleurs livres de l’année 2006 par le New York Times) consacre un chapitre entier à sa ferme, Polyface, qui fait également une large apparition dans le film «Food, Inc.» de Robert Kenner.

Reproduire les caractéristiques des écosystèmes naturels

La stratégie utilisée par Joel Salatin est de mimer les modèles et les cycles des écosystèmes qui existent dans la nature. Par ce biais, les animaux de sa ferme vivent en exprimant leur nature, leur permettant de retrouver leur alimentation, leurs activités et leurs comportements sociaux résultant du processus évolutif de leur espèce.

L’étude des grands herbivores, comme les bisons des plaines américaines, révèle qu’ils se déplacent constamment : après avoir brouté une zone, les herbivores rejoignent une zone plus verte, laissant le temps à la première herbe de se régénérer. Joel Salatin organise sur le même principe une rotation de son troupeau de bœufs sur sa propriété* grâce à des enclos mobiles électrifiés. Se basant sur les travaux de l’agronome français André Voisin (Productivité de l’herbe, éd. France Agricole, 1957) traitant du cycle de croissance de l’herbe, Salatin a élaboré un cycle de rotation de six semaines pour ses prairies, l’herbe a précisément le temps de reconstruire ses racines et de repousser, avant que son développement la rende moins digeste pour le bétail.

Poulailler mobile

Poulailler mobile («Eggmobile»)

Dans la nature, les oiseaux suivent les troupeaux d’herbivores, car ils se nourrissent des larves des parasites internes nichant dans les bouses. À Polyface, ce sont les poules qui jouent ce rôle. Salatin les déplace, grâce à une remorque appelée « tracteur à poules » (« eggmobile »), trois jours après que le bétail a pâturé sur une zone. Cette durée correspond à la période de croissance maximale de la larve, juste avant qu’elle ne prenne sa forme ailée. Cette connexion entre le bétail et les volailles est bénéfique sur plusieurs plans. Les poules s’autoalimentent de l’herbe tendre fraîchement coupée et des larves, elles réduisent ainsi considérablement le risque de persistance du parasitisme en cassant le cycle des vers, évitant au bétail de retrouver la maladie lors de son prochain passage sur la parcelle. Les poules étalent les bouses sur tout le terrain, en grattant à la recherche des larves, permettant une décomposition plus rapide des excréments, les transformant ainsi plus vite en humus, enfin elles enrichissent le sol de leurs propres déjections, riches en phosphore. L’éleveur n’a plus besoin de vermifuger son bétail et s’économise également la production ou l’achat de grain pour poules.

Cette synergie bétail-volaille n’est pas complète sans l’élément clef de cet écosystème agricole qu’est l’herbe. Joel Salatin se définit d’ailleurs comme un grass farmer («cultivateur de prairie») et s’est spécialisé dans l’étude et le choix des meilleures herbes et plantes fourragères. Lorsque l’herbe est pâturée, elle régule son système racinaire en s’en séparant d’une partie pour équilibrer son ratio racines/feuilles. Les couches successives des racines mortes permettent, suite à leur décomposition en humus, de régénérer la fertilité du sol, qui s’enrichit au fil des années.

L’observation des modèles de la nature a permis à cet éleveur de connecter intelligemment différents systèmes d’élevage. Grâce à ce principe, les bêtes tendent à se rapprocher le plus possible de leur comportement naturel, leur permettant ainsi d’avoir une autonomie alimentaire et une meilleure santé.

Blanchiment d’argent

Petite interrogation qui m’est venue à l’instant en répondant à un commentaire de Raffa :

Raffa: Autrement dit je sors l’argent que je gagne (hors charges, impôts et ce qui n’a pas d’alternatives) du système actuel pour le déplacer vers une autre économie, autrement dit financer le développement d’une ou plusieurs alternatives. En gros je fais du blanchiment d’argent :-D

Or donc je réponds que c’est assez dur de maitriser le flux d’argent une fois sortie de ses poches. J’essaie de trouver un exemple pertinent en prenant la figure la plus intègre à mes yeux : le paysan qui suit le cahier des charges Nature&Progrès (bon en vrai c’est le permaculteur, mais j’épargne les lecteurs de Raffa). Peut-il maitriser totalement ses achats ? Rien qu’au niveau de ses outils, la maitrise est perdue (à moins qu’il existe des outils locaux en bois « durable » …).

Je m’étais déjà fait la réflexion au sujet du pétrole. A quel point peut on se passer de pétrole ? C’est assez dur de se passer des tuyaux d’arrosage par exemple.

Donc, je me demande si les jardiniers qui passent par ici se sont déjà fait la réflexion, et/ou ont d’autres exemples d’objets ont ils ne peuvent maitriser la provenance, ou qu’ils rechignent à utiliser (par exemple les broyeurs à BRF), etc. ?

Y a pas à dire, la Permaculture, c’est joli

Voici une maison et un jardin classiques des suburbs américains :

[sans permaculture]

Et le jardin de leurs voisins, en Permaculture :

[avec permaculture]

La démarche est expliquée ici.

Aux États-Unis, ne pas transformer son jardin en désert vert est un acte écologique, militant, et parfois … illégal. Ainsi dans la ville de Canton (Ohio), la récidive du déli de haute pelouse et mauvaise herbe peut être passible de 30 jours de prison (Toute herbe supérieure à 20cm est considérée comme non entretenue).

Bon repos, Fukuoka-sama

Masanobu Fukuoka, pionier de l’agriculture naturelle, est décédé il y a quelques jours à l’âge honorable de 95 ans.

La disparition de M. Fukuoka m’a touchée. J’ai perçu à la lecture de son livre « La révolution d’un seul brin de paille » une certaine vérité, que je ne peux qu’éfleurer à l’heure actuelle, car trop éloigné de la Nature. Au départ je ne voyais l’agriculture naturelle que comme une brique conceptuelle de la permaculture (la culture du riz étant peu transposable). Cependant plus j’y réfléchis, et plus je vois l’agriculture naturelle comme à la fois complémentaire et opposée à la permaculture (voir en particulier cet article). D’un côté un design très étudié s’appliquant à la Nature, et de l’autre une Nature guidant un processus ou le jugement humain, discriminant, doit être le moins présent. Ces deux approches me séduisent énormément. Quand j’aurai un lopin de terre, je ferai pousser aussi bien des tomates dans un design complexe d’interractions et de paramètres qu’en semant des graines n’importe où à la volée comme le faisait Fukuoka.

La révolution du brin de paille est en marche …

Masanobu Fukuoka

Le but ultime de l’agriculture n’est pas la culture des récoltes, mais la culture et la perfection des êtres humains. — Masanobu Fukuoka

Fête des voisins : passe voir ton voisin, mais passe à la supérette d’abord

Mardi dernier, alors que je rencontrais les couchsurfeurs montpelliérains, j’ai entendu parler de la fête des voisins. Je pense que connaître ses voisins est primordial, mais j’ai du mal avec cette convivialité sur rendez-vous, surtout quand ça prend la forme d’une campagne marketing. Quand on regarde l’affiche d’un peu plus près, on se rend compte que l’ordre marchand réussit à tout récupérer, même ce qui devrait être une solidarité spontanée dont l’essence même est antagoniste à celle de la logique marchande.

Le but du jeu est de trouver où se cache les sponsors dans l’affiche (cliquez sur l’image pour la voir en grand).

On va commencer avec le plus moche, le plus visible, et aussi le plus risible, les supermarchés Monoprix avec leur grosse bannière (plus grandes à l’affiche que celle des voisins solidaires). Car, faut-il le rappeler, «Monoprix, fidèle à son engagement d’améliorer la qualité de la vie quotidienne, s’associe pour la neuvième année consécutive à l’opération « La Fête des Voisins ». Attaché à mettre plus de plaisir et de surprise dans le quotidien et à le faciliter, Monoprix soutient cette initiative qui favorise la convivialité et la solidarité au cœur des villes». Merci Monoprix ! Lorsqu’on connait à quel point les supermarchés ou les supérettes sont néfastes aux commerçants de quartiers (qui sont des voisins soit dit en passant), et donc à la convivialité et à la vie du quartier … Sans compter les facilités offertes pour faire les courses, jusqu’à 21h ou le dimanche matin, ouvertures salutaires permettant de ne pas sonner chez le voisin pour emprunter du sel ou des oignons !

On passe ensuite à l’agression la plus insidieuse, avec la promotion du traiteur Pierre Martinet, dont je me rappelle des pubs débilisantes lorsque j’avais encore une télévision. La publicité est ici plus voilée, car elle ne se présente que sous la forme du packaging des barquettes de taboulés, servies par une voisine qu’on croirait tout droit sortie d’un stand de dégustation Pierre Martinet (d’un supermarché Monoprix ?). Ce dernier, «homme authentiquement généreux [qui] ne cesse d’innover, [pour nous] offrir des moments savoureux» (dixit le site des immeubles en fête), pousse même l’altruisme jusqu’à la création d’un site dans lequel il clame son amour pour ses voisins. (On remarque d’ailleurs que la vieille personne du visuel de la fête des voisins a été éliminée du monde impitoyable du marketing de taboulé).

Le dernier, encore plus subtile, se nomme Uncle Bens. Il est présent par l’entremet d’un homme tenant dans sa main un bocal caractéristique de la marque. Bien entendu ce produit est largement exposé sur le site de l’entreprise.

En conclusion, pour la fête des voisins, allez acheter des plats déjà préparés dans des grandes surfaces. Merci messieurs les publicitaires. Et les fonds publics qui permettent ça.

Recette du taboulet

INGREDIENTS PREPARATION
Pour 8 personne(s)

– 400 gr de semoule
– 500 gr de tomate fraîche
– 2 concombres
-1 poivron rouge
-1 poivron vert
-1 poivron jaunes
– 6 petits oignons nouveaux avec tiges
– 3 jus de citron
– 2 dl huile d’olive vierge extra
– 1/2 botte de menthe fraîche
– Sel
– Poivre du moulin
-Piment d’Espelette
-Mettre la semoule dans un saladier avec le jus des citron et l’huile d’olive.
-Découper les tomates en petits cubes en gardant le jus qui s’écoule.
-Eplucher les concombres et les tailler en dés avec le coeur.
-Peler les poivrons à l’aide d’un épluche légumes. Découper les poivrons en petits dés.
-Tailler les oignons en très fines lamelles avec la queue des oignons.
-Ajouter les légumes à la semoule. Mélanger et assaisonner.
-Ajouter la menthe ciselée et mélanger.
-Réserver au frais 2 heures avant de servir !