poules

Permaculture Geek

Quand on est tombé (pas si) petit dans l’informatique, que l’on en a fait ses études, son passe-temps, son projet de carrière. Que l’on a fait commencé une thèse en informatique/mathématiques. Que l’on tombe sur la permaculture, et que l’on comprend qu’il y a des choses plus importantes. Eh bien ça donne de drôles d’hybridations.

Il y a environ dix minutes, je suis en train de me demander si je n’en fait pas trop. Je suis en train de réfléchir à un indice pour classer les espèces pérennes suivant leur potentiel à fournir les poules en protéines. Un indice qui serait la moyenne entre, d’une part, la moyenne des quantité d’acides aminés pour 100g (poids sec) ramenée entre 0 et 1 suivant le pourcentage d’apport journaliers nécessaires d’acides aminés nécessaires par poule et par jour (AJN), et l’écart type des pourcentages d’AJN des acides aminés. Hem. (j’explique l’intérêt de ce choix si y a des gens vraiment motivés …)

Le pire c’est que j’adore ça, sinon je n’aurais pas fait de recherche, ni d’informatique. Mais bon, j’en suis donc à me demander si ça sert vraiment à quelque chose, vu que les bouquins de permaculture donnent depuis 30 ans la liste des arbres intéressants pour les poules, et que peut être il n’y a pas à aller chercher beaucoup plus loin.

 

Mais, alors que j’ai trouvé dans un livre les fameux AJN d’acides aminés, le profil protéique du jus de murier (il m’a fallu des mois pour le trouver …), le ratio d’extraction de jus dans un article scientifique, j’ai l’illumination. Je vais pouvoir calculer avec précision le nombre de jours-poules (JP) d’un mûrier. Je laisse Bill Mollison expliquer cette notion, tirée de permaculture 2 :

Dans une gestion plus sophistiquée, nous exprimerons la valeur alimentaire de certains arbres et  de certaines plantes en termes de J.P.V. ou « jours de pâturage de volaille ». Par exemple, la  valeur d’une luzerne arborescente peut représenter 2,5 kg de graines, ce qui nourrirait une poule en pâture libre pendant une trentaine de jours. Déjà, Smith a constaté qu’un noyer noir à  maturité peut nourrir 8 poules pendant toute l’année, donc un seul arbre de cette espèce a une valeur de 365 X 8 = 2 920 J.P.V. Sur la base de ces équivalences, nous pouvons être  amenés à planter  préférenciellement des plantes de grande valeur, même si elles poussent plus  lentement.

Ce qui aurait pu sembler une perte de temps de geek scientifique obsédé par les chiffres, devient un élément pertinent de « haut niveau » pour concevoir des systèmes permacoles autour de la volaille. Je participe en quelque sorte à l’élaboration de cette « gestion plus sophistiquée » dont parle Mollison, et ça gonfle de fierté.

Donc d’après mes calculs, un mûrier irrigué fournit 5 à 8 JP, c’est à dire qu’un mûrier apporte assez d’acides aminés pour combler les besoins nutritionnels de 5-8 poules par jour ou d’une poules pendant une semaine. Dans le cas du mûrier, 1 JP = 2kg ou 500 g (poids sec), donc il s’agit plus de compléter un apport protéique naturel (insectes) qu’autre chose. Si les chiffres vous paraissent faibles, rappelez vous qu’il s’agit des acides aminés indispensables aux poules, ce qui est le critère le plus difficile à atteindre pour la volaille, l’indice est plus sophistiqué (ou restrictif) que celui de Mollison.

Bon, prenez pas ces calculs au pied de la lettre, par exemple je me suis trompé d’un  zéro dans la première version du calcul …

Et pour compenser la geekerie, j’ai des graines de muriers et de caragana en train de lever …