Mois: novembre 2010

Bientôt …

Compromis de vente signé ce weekend,

pour une petite maison magnifiquement restaurée, entourée d’un hectare de terrain en forte pente, orienté E-SE, qui hésite entre la forêt et un maquis méditerranéen. Pour ne rien gâcher, il y a aussi deux sources et un puit, ainsi qu’un autre bout de terrain de 0,3ha à 150 mètres de la maison et bordé par un ruisseau et une source. Le tout situé près d’une gare, d’un parc naturel et du travail de ma zelda.

De quoi ne plus se contenter d’encrer les utopies, et commencer à les ancrer.

De la permaculture au primitivisme

Comment la permaculture m’a amené à me poser des questions sur l’agriculture et la civilisation.

La permaculture est une méthode de conception de systèmes permettant de combler les besoins humains fondamentaux (nourriture, abris, etc.). Dans l’idéal, ces systèmes doivent êtres productifs, demander une faible maintenance, et être en « bonne santé » écologique. Pour se faire, les systèmes mis en place devraient prendre modèle sur les écosystèmes naturels, qui ont déjà ces caractéristiques — mise à part celle d’être très productifs en denrées  consommables par les humains. Ces caractéristiques émergent du mécanisme de l’évolution : les systèmes naturels qui se sont perpétués ont subi une sélection sur leur potentiel à capter, conserver et recycler les différentes ressources à leur disposition (soleil, eau, nutriments). Les systèmes sauvages que nous observons fonctionnent, autant nous en inspirer. Par exemple pour l’élevage du bétail, on peut s’inspirer des écosystèmes des grands herbivores.

Lorsqu’on commence à s’intéresser à la manière dont les systèmes naturels fonctionnent, on  comprend à quel point l’agriculture — pas seulement industrielle, mais depuis dix millénaires — est terriblement inefficace et destructrice, et à quel point permaculture et agriculture sont différentes. Au contraire, la beauté de certains systèmes agroforestiers de peuples tropicaux ou la gestion des écosystèmes par les peuples primitifs sautent aux yeux — malheureusement pas à ceux des premiers colons européens. La permaculture s’est beaucoup inspirée des systèmes de production tropicaux des peuples horticoles, et je considère la permaculture comme une néo-horticulture (qui vient de hortus, le jardin) plutôt que comme une nouvelle forme d’agriculture (d’ager, le champ), qu’elle soit permanente, durable ou autre — si c’est seulement possible.

Le primitivisme est une théorie selon laquelle la condition humaine a décliné depuis l’invention de la civilisation, puis de l’industrialisation. Le primitivisme se base comme sur la permaculture sur le mécanisme de l’évolution et sur l’étude de systèmes naturels. S’il ne semble pas absurde, lorsqu’on veut élever des poules en permaculture, de regarder leur environnement naturel et leurs comportements (alimentaires, sociaux, sexuels,etc.) pour s’en rapprocher au mieux et éviter le stress en apportant l’environnement dans lequel l’animal puisse s’épanouir, pourquoi ne pas faire la même chose pour l’animal humain ? Là où la permaculture s’intéressera à l’écologie de la forêt, l’éthologie, la géologie; le primitivisme regardera du côté de l’ethnologie, l’ethnobotanique, la paléo-anthropologie et l’archéologie. Tout comme on peut voir émerger dans les écosystèmes des patterns (un type de solution performant qui a été adopté par l’évolution/l’expérience pour résoudre un type de problème) récurrents, l’étude des sociétés humaines primitives montrent des habitudes quelque soit la région du monde des peuples étudiés : organisation sociale, mode d’alimentation, spiritualité, etc. Les connaître et les appliquer pourrait peut être apporter des solutions qui fonctionnent.

Plus tôt dans ce texte j’ai parlé de néo-horticulture. En effet la permaculture est un concept moderne qui ne date que des années 1970, même s’il se base sur des pratiques qui peuvent être millénaires. En effet tout concept s’inscrit dans un contexte, et la permaculture n’est pas une horticulture traditionnelle. Elle se veut une solution moderne (ou actuelle) à des problématiques modernes, avec des outils modernes. Par exemple, le « Permaculture designers’ manual » contient un chapitre sur les terrassements avec des engins de chantier. Si ces travaux utilisant une lourde machinerie permettent de mettre en place des systèmes qui dureront dans le temps en répondant aux besoins humains de manière non-énergivore et non-polluante, pourquoi pas ?

De même les primitivistes (en tout cas une partie d’entre eux) ne cherchent pas à vivre comme les peuples primitifs, car le contexte est différent. Le primitivisme cherche dans les peuples primitifs des modèles qui fonctionnent pour les appliquer à nos sociétés modernes, pour réorienter leurs trajectoires. Il s’agit plus d’un néo-primitivisme, dont sont issus ou qui inclut des concepts comme le néo-tribalisme, le néo-animisme, la permaculture, etc. (mais j’y reviendrais plus tard).

La permaculture et le primitivisme ont donc de nombreux points communs. Il s’agit de trouver des solutions d’actualité aux nombreux problèmes qui se posent en ce moment et qui vont s’amplifier dans le futur. Ces solutions sont basées sur les systèmes naturels, qui sont le résultat de tests parfois effectués sur des millions d’années.  La permaculture serait ainsi une branche du primitivisme, la première cherchant une méthode pour produire de la nourriture tout en respectant les mécanismes de l’évolution, et la seconde une méthode pour vivre en respectant ces même mécanismes.

Pour finir, le recommande à tous les anglophones de visionner cette conférence de Toby Hemenway, auteur de « Gaïa’s Garden, A Guide to Home-Scale Permaculture », intitulée « How Permaculture Can Save Humanity and the Earth, but Not Civilization« :

Les racines de l’intelligence végétale

Les plantes se comportent de façons étonnamment intelligentes: combattant des prédateurs, maximisant les opportunités de trouver de la nourriture … Mais pouvons nous imaginer qu’elle possèdent une sorte d’intelligence propre ? Le botaniste Italien Stefano Mancuso nous présente des preuves déroutantes. (sous-titrage en français disponible).