MEAT, A Benign Extravagance est un livre écrit par Simon Fairlie, qui a le mérite de remettre certaines idées en place, et certains chiffres dans leur contexte.
Petit florilège des choses qui m’ont parues importantes, sur le mode « twitter » par manque de temps. Certains points vous sembleront peut être farfelues sans plus de détails, je vous invite à lire le livre que je recommande chaudement.
• Si le monde se mettait soudainement à un régime vegan, il n’y aurait pas plus de protéines disponibles. Cela vient du fait que dans les pays non industrialisés les animaux recyclent des denrées non comestibles (résidus de culture, déchets de préparation …). Source FAO (97).
• Les fameux 100 000 litres d’eau utilisés pour produire un kg de viande sont en fait l’eau de pluie qui tombe sur le champ où pousse le foin mangé par la vache.
• Un mode de culture permaculturel vegan peut subvenir aux besoins de 8 personnes sur un hectare de terre arable, alors que la version avec des animaux a besoin de 0,8 ha supplémentaires pour 7,5 personnes. Le régime vegan est donc deux fois plus efficace en terme de superficie.Cependant, l’agriculture vegan contient 64% de cultures annuelles (à opposer à pérennes) de plus que la culture omnivore. Les deux régimes nécessitent également autant de terres arables (c’est à dire que le régime vegan économise surtout des pâtures, qui ne peuvent pas forcément être utilisées pour faire pousser d’autres choses).
• Souvent « viande » = « Bœuf élevé aux USA nourri avec des céréales ou fourrages irrigués »
• Un élevage conduit de manière inefficiente et extravagante (c’est à dire des animaux nourris avec de la nourriture comestible aux humains) atteint les limites écologiques avant qu’il y ait une surpopulation humaine, et ainsi servir de tampon en évitant des conflits plus meurtriers.
• La marché des céréales pour la consommation humaine est très rigide, alors que l’élevage permet de rajouter un débouché en cas de surplus. La consommation de viande est très élastique, et sert donc de « banque » permettant de stocker les surplus de grains, et de faire face aux pénuries. Le fermier peut semer avec confiance des céréales, sachant qu’il y aura toujours un débouché, quelque soit le résultat.
• Si l’on considère un élevage qui ne monopolise pas les ressources disponibles pour les humains, nourri avec les déchets des transformations alimentaires, les résidus de culture, la nourriture jetée, les déchets d’abattoirs et les patures, on obtient entre 1/3 et 2/3 de la production mondiale en terme de volume. Si l’on prend la moitié, cela revient à à peu près 20 kg de viande et 40 kg de fromage pour chaque personne et par an. Si on prend en compte les surplus de production de céréales les bonnes années, cela ajoute 10-15 kg. Pour information la moyenne française de consommation annuelle est autour des 100 kg.
Donc, en résumé : finalement, manger de la viande deux ou trois fois par semaines, ça serait une meilleure idée, en termes de développement durable, que de n’en jamais manger. J’ai bon ?
Pas vraiment ;)
L’élevage dont je parle dans le dernier point (notion de « default livestock » pour la FAO) représenterait la moitié du volume de la prod actuelle en terme de volume, mais ça ne veut pas dire que c’est la moitié réelle de cette prod. Et typiquement dans les pays industrialisés, les déchets d’abattoirs ne sont plus filés aux animaux (ce qui est bien pour les vaches, mais scandaleux pour les cochons), la nourriture jetée l’est belle et bien, les grains qu’on file aux animaux ont été semés exprès pour eux, etc …
Ca veut juste dire que l’on pourrait conserver une partie de notre consommation de viande sans voler le pain des pauvres, sans déforester l’amazonie et en recyclant plus efficacement les nutriments
Merci pour ton message. J’ai entendu parler du livre de Fairlie sur le blog Let Them Eat Meat (Let the meat meat ?).
Pour ma part, je pense qu’on mange trop de viande, par rapport à ce que peut donner notre terre – je ne parle pas de nutrition-. Quand je vois ce que nos ancêtres des siècles précédents mangeaient, cela me laisse dubitatif. Par contre, récupérer intelligemment tout les produits (dont le gras, la moëlle des os, cela peut donner du goût et de la consistance à la soupe) pour la consommation humaine domestique me semble plus évident. On gaspille peut-être trop en consacrant notre consommation vers les morceaux « nobles ».
Je ne comprends pas le fin de la cinquième proposition. C’est moi ou il y a un truc qui cloche dans ta phrase ?
@sylvain: morceaux nobles qui sont souvent les moins riches nutritionnellement parlant.
@Philomenne: il est plus facile de se rendre compte à temps d’un dépassement de capacité lorsque l’on s’accorde ses aises avec du bétail plutot que lorsqu’on vit de productions efficientes type « pomme de terre », et l’ajustement se fait sur le bétail et non sur les humains (ce qui peut être potentiellement meurtrier s’il s’agit de plusieurs cultures se partageant un espace géographique).
Ok, je comprends (mais alors, il doit manquer un « peut » entre « et » et « ainsi »…)
Je suis d’accord sur le côté nutritif. A lire sur les abats, la représentation animale : http://terrain.revues.org/pdf/2932. Le dégoût des abats même de la part des omnivores (urbains ?), procède de la même tendance qui touche les végétariens, on dirait.
On peut être végétarien sans être dégoûté de la viande (c’est mon cas).
Je suis complètement d’accord avec Nicollas pour dire que la plupart des évaluations sur l’impact de la viande sont faites dans des conditions de production industrielles et très inefficaces, et donc largement surestimées par rapport à un système artisanal où les animaux vivent de déchets et broutent de l’herbe arrosée seulement par la pluie. Malheureusement en France cette situation favorable est quasiment inexistante, et ça il faudrait le souligner à la fin de cet d’article (en même temps que le chiffre donnant la consommation de viande actuelle).
On a tous un ennemi commun : l’élevage industriel (et l’agriculture industrielle), malheureusement très largement majoritaire dans la production agricole actuelle. Pourquoi lui faciliter sa tâche de lobby en évitant de nous unir (je pense en particulier aux permaculteurs et aux flexitariens/végétariens pour des raisons écologiques) ?
@vegebon
Honnêtement, je ne me sens pas d’affinité particulière avec les végans. D’après ce que j’en ai vu sur un forum végé bien connu, des discutions sur les sites paléos, j’ai bien compris que ce qui les définissait en premier, c’est d’être vegan. Il y a ennemi commun, mais c’est presque anecdotique, vu que personnellement je suis aussi un ennemi pour les vegans …
Pour les végétariens, je ne vois pas de problème mais en même temps je critique les végans, pas les végétariens (vu que que le végétarisme implique des élevages et des gens qui mangent les mâles et les femelles réformées, soit ils ont exactement les mêmes problématiques que moi, soit ce sont des hypocrites, soit des aspirants vegans et là je les assimile à des vegans).
Perso, je trouve qu’il manque des gens pour développer, documenter et enseigner des techniques de production alimentaire résilientes, a échelle humaine, domestique, et je me concentre surtout sur ça. J’ai très rarement vu de campagne vegane qui s’attaquait uniquement à l’élevage industriel, juste qui ciblait la viande à l’élevage industriel (ce qui est juste du point de vu de la situation actuelle, mais malhonnête pour des recherches d’elevage alternatif).
bonne soutenance et bon concours :)
Je suis bien d’accord avec toi mais je refuse de croire que ce clivage est une fatalité, on a trop de belles possibilités à exploiter ensemble pour s’attaque à l’élevage industriel dans sa globalité ! Ce n’est pas parce que beaucoup de végans sont à courte vue qu’ils le seront tous définitivement.
D’ailleurs ce serait super que la permaculture soit présente à la journée Saveurs durables, saveurs véganes. Je n’ai pas eu le temps d’essayer de vous convaincre de venir cette année mais l’an prochain j’espère que vous en serez. D’une part vous vous ferez mieux connaître du grand public d’autre part vous montrerez, rien que par votre présence, que le clivage est vraiment stupide, désagréable et surtout contre-productif.
La permaculture a sa place dans le débat sur une agriculture durable, il faut qu’on en parle plus :).
PS : La soutenance s’est super bien passée, youhou !!
PS : L214 et la PMAF s’attaquent principalement à l’élevage industriel. L214 en particulier, fait un travail remarquable à mon avis, je te les recommande vraiment. Leur magazine est très rationnel, leurs actions bien pensées et l’association a déjà eu de très bon résultats sur les œufs de batterie.
@vegebon,
ha, si tous les vegans étaient comme toi, le dialogue serait plus simple (bon, c’est plus simple quand il s’agit de contexte plutôt que d’éthique) !
apparemment vous avez Terre & Humanisme dans vos soutiens, c’est déjà un pas dans la bonne direction !
Ensuite la permaculture à SDSV, je ne vois pas bien. Tu trouveras surement des permaculteurs près à aller en discuter (bien que comme moi la majorité n’ont pas assez d’expérience), il doit même y en avoir un paquet de VG, mais franchement tu penses que ça va aider à l’ouverture ? Je vois deux cas, soit le permaculteur est VG et ça va plutot confirmer leur vision, ou alors la personne aborde les élevage perma et ça va relancer le débat souffrance/spécisme/domination/plaisir gustatif …
Je trouve que c’est très difficile de parlementer face à plusieurs vegans parce que personne n’est vegan pour la même raison, ou ne place la limite au même endroit pour les mêmes raisons.
Je n’ai compris que très récemment pourquoi j’écrivais autant sur le veganisme ou restait sur ce forum en dépit du bon sens, mais c’est juste pour « hé, si j’arrive à monter mon système perma, sur l’éthique je peux prétendre être vegan sur la moitié des définitions, alors arrêtez de croire que vous êtes le pinacle de l’évolution et arrêtez d’être arrogant envers des gens qui poursuivent le même but, sans utiliser les mêmes moyens ». Comme je l’ai écrit sur le forum, j’ai l’impression que le véganisme a été pris en otage par la faction « urbains dans société occidentale industrielle pré pic-pétrolier » …
Pour tes exemples, effectivement PMAF est le seul exemple dont je me souvienne de campagne ciblé sur l’agri industrielle en proposant une solution non VG (label qualité), mais en même temps ce n’est une asso vgé (aucune mention dans la charte). Mais peut être est-ce pour éviter le mélange des genres.
PS: félicitations !