Nous avons pris récemment contact avec un groupement d’achat pas loin de chez nous. Après le premier contact téléphonique, on nous a dit que le groupement d’achat n’avait pas envie de grossir, et que suite à notre venue et à celle d’éventuels autres recrues, le groupe se scinderait peut être en deux. Ça m’a surpris sur le coup.
Puis suite à la première rencontre de ce groupe à laquelle nous avons assisté, tout est devenu plus clair. En effet, ce groupement d’achat effectue deux ou trois grosses commandes dans l’année à une entreprise bio qui fournit les magasins bio de la région (il y a aussi des commandes annexes plus régulières à des paysans locaux). La personne désignée réceptionne chez elle le chargement (qui doit faire plus d’une tonne si je me souviens bien), le stocke et s’occupe de la distribution. L’organisation a donc une taille critique à partir de laquelle les chargements sont trop importants, pour le stockage ou l’acheminement.
À Montpellier, nous étions dans un autre groupement d’achat. Les caractéristique étaient différentes (urbains décroissants, alors que l’actuel est composé de mères de familles en milieu rural). L’organisation également, puisque c’était une coopérative d’achat autogérée : chaque membre peut proposer une « charmandise » qui est évaluée sur des critères écologiques et sociaux. Si elle est acceptée, le charmandise est prise en charge par une personne volontaire, qui fixe les modes de distribution et de paiement. La plupart des échanges se font lors de la réunion mensuelle ou lors de l’AMAP où sont inscrits la plupart des membres.
Ce qui m’a frappé, c’est que dans le premier cas, chaque nouvel arrivant devient une contrainte. À l’opposé, dans le deuxième cas, chaque personne devient une force supplémentaire, qui propose et gère (éventuellement) de nouveaux produits.
Je ne dis pas que le second modèle est meilleur, puisqu’il ne s’appliquent pas aux même produits (par exemple pâtes et lait de soja dans le premier cas, et viande et céréales dans le second). Cela dit concevoir des systèmes qui permettent le passage à l’échelle, et mieux qui en tirent profit, est un point qui peut avoir son importance dans le futur succès de ces derniers.
Je suis dans un groupement d’achats de 80 familles, et je comprends la préoccupation de rester petit : les gens qui s’en occupent y passent tout leur temps associatif et ils aimeraient pouvoir faire autre chose (organiser des stages de greffe, de fours solaires, etc.) Et ils se retrouvent à faire le boulot d’un responsable de magasin, à passer toutes les commandes, réceptionner les livraisons etc.
Je suis aussi en train de démarrer un petit groupement d’achats hyper-local (juste sur la commune), sur un mode d’emblée ‘distribué’. Chaque membre est chargé d’un ou plusieurs producteurs locaux (maxi 30km), et passe commande au nom des autres, quand ça tombe (aucune synchronisation entre les commandes). Il fait un chèque et se fait rembourser. Il se débrouille aussi pour faire covoiturer les livraisons (on a trois villages sur la commune, c’est vite fait).
Dans ce deuxième schéma (qui ressemble un peu à ton second modèle), personne ne croule sous le boulot, mais on ne pourrait probablement pas fonctionner à 80 (pour l’instant, on est une demi-douzaine, ça laisse de la marge).